Aux origines du café indien : le mythe des sept grains
Si certains événements historiques se jouent à un détail près, l’histoire du café indien s’est peut-être jouée à une poignée de grains. Au XVIIe siècle, Soufi Baba Budan revient d’un pèlerinage à la Mecque et dissimule dans sa barbe sept grains de café. Il les transporte clandestinement sur les routes du Yemen jusqu’à son retour en Inde. De retour au bercail, c’est dans les montagnes du Chandra Dona dans le sud de l’Inde qu’il plante ces grains de café. L’Inde devient alors le troisième pays au monde à cultiver du café après l’Ethiopie et le Yemen.
Quelques siècles plus tard, les colons britanniques prennent la main sur le développement du café indien et font du pays l’un des piliers de la production de café mondiale au XIXe siècle. Il faudra attendre 1947 et la déclaration d’indépendance de l’Inde pour que le Coffee Board of India reprenne la main sur les exploitations. Depuis les années 50, l’organisme a lutté pour maintenir le cap de compétitivité du pays en matière de production de café, en imposant des règles strictes en matière de qualité de production et de prix.
Aujourd’hui, le café indien continue de peser sur l’industrie du café, et s’inscrit à la 6e place au classement des plus grands producteurs de café mondiaux, avec près de 250 000 tonnes de café vendues en 2021.
Le café indien : un terroir et des saveurs uniques
Si le café indien est connu pour la force de son histoire, il l’est aussi et surtout pour la singularité de sa richesse aromatique. Parmi les différents profils de saveurs les plus réputés du café indien, on en distingue deux principaux.
D’abord, il y a le café « moussonné », du Sud Ouest indien, comme le célèbre café Monsooned Malabar, cultivé dans les États côtiers de l'Inde. Ce café indien subit un processus spécial de moussonnage où les grains de café verts sont exposés à l'humidité et aux vents de mousson pendant plusieurs semaines, ce qui leur confère des saveurs distinctives de terre, de bois et de fruits mûrs. Le café moussonné est connu pour son corps lourd, sa faible acidité et sa texture veloutée en bouche, ce qui en fait un choix apprécié des amateurs de café haut de gamme.
Pas de surprise, la deuxième région réputée pour la qualité de sa production de café indien est la réserve naturelle de la vallée d’Araku. Cultivés à l’est de l’Inde, sur les hauts plateaux des Eastern Ghats dominant le Golfe du Bengale, ces cafés sont réputés pour la grande qualité des grains, obtenue en suivant les logiques d’agriculture régénératrice et de commerce équitable. La région produit exclusivement du café Arabica, cultivé à des altitudes élevées qui favorisent le développement de saveurs complexes, souvent marquées par des notes florales, fruitées et épicées. De plus, les agriculteurs locaux s’adonnent à des pratiques agricoles biologiques et respectueuses de l'environnement, ce qui contribue à la pureté et à la finesse des grains. Ainsi, les cafés de la région d'Araku sont appréciés pour leur acidité équilibrée, leur douceur et leurs profils aromatiques complexes.